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Position des partis politiques d’Arménie sur la Turquie et l’Union Européenne

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Lilit Gasparyan

Turcologue et journaliste d’Arménie

La Turquie mène des négociations avec l’UE depuis déjà de longues années. L’application des réformes pour être en conformité avec les valeurs européennes ne satisfait toujours pas l’UE. L’adhésion européenne d’Ankara comporte de nombreux aspects positifs pour l’Arménie. L’ouverture des frontières est la principale attente de l’Arménie. De fait, si les représentants de tous les cercles politiques et sociaux d’Arménie considèrent l’adhésion turque à l’UE d’abord sous l’angle de l’ouverture des frontières, à partir de là, leurs points de vue divergent.

Une des priorités de la politique étrangère de l’Arménie est l’établissement de relations de bon voisinage et la coexistence pacifique avec les pays voisins, dont la Turquie. Ces relations doivent s’établir sans conditions préalables de l’un ou de l’autre. L’adhésion européenne de la Turquie est avantageuse pour l’Arménie tant du point de vue de l’économie que de la politique et de la défense nationale. Or il est beaucoup plus facile de régler tous les problèmes en devenant la voisine immédiate de l’UE et d’un pays membre de l’UE. Par conséquent, l’Arménie ne doit en aucun cas faire obstacle à ce processus. Au contraire, elle doit exiger de Bruxelles de ne pas exploiter la question du Génocide des Arméniens dans cette affaire. La reconnaissance du Génocide des Arméniens ne doit pas figurer à l’ordre du jour de la politique extérieure de l’Arménie. En ce cas, la question de « la commission d’historiens » au demeurant si blessante pour nous, deviendrait inutile et illogique. Si la question du Génocide des Arméniens doit être soumise à examen, ce ne peut être qu’entre deux pays, l’Arménie et la Turquie, une fois que seraient établies entre eux des relations normales de type bilatéral.

Congrés National Arménien

Mandature 2012_2017 – Parti d’opposition –  7/131 députés

Arman Mousinyan, porte-parole du parti du CNA

Une des priorités de la politique étrangère de l’Arménie est l’établissement de relations de bon voisinage et la coexistence pacifique avec les pays voisins, dont la Turquie. Ces relations doivent s’établir sans conditions préalables de l’un ou de l’autre. L’adhésion européenne de la Turquie est avantageuse pour l’Arménie tant du point de vue de l’économie que de la politique et de la défense nationale. Or il est beaucoup plus facile de régler tous les problèmes en devenant la voisine immédiate de l’UE et d’un pays membre de l’UE. Par conséquent, l’Arménie ne doit en aucun cas faire obstacle à ce processus. Au contraire, elle doit exiger de Bruxelles de ne pas exploiter la question du Génocide des Arméniens dans cette affaire. La reconnaissance du Génocide des Arméniens ne doit pas figurer à l’ordre du jour de la politique extérieure de l’Arménie. En ce cas, la question de « la commission d’historiens » au demeurant si blessante pour nous, deviendrait inutile et illogique. Si la question du Génocide des Arméniens doit être soumise à examen, ce ne peut être qu’entre deux pays, l’Arménie et la Turquie, une fois que seraient établies entre eux des relations normales de type bilatéral.

FRA Dachnagtsoutioun – Fédération Révolutionnaire Arménienne

Parti d’opposition – 5/131 députés

Kiro Manoyan, Directeur du secrétariat international de la FRA

Pour la FRA-Dachnagtsoutioun, une adhésion européenne de la Turquie sans reconnaissance du Génocide des Arméniens et sans résolution d’un certain nombre de problèmes liés à l’arménité, mettrait en danger ses intérêts stratégiques, parce que cela augmenterait l’influence d’une Turquie négatrice de sa propre histoire et de sa responsabilité au sein même de l’UE, avec toutes les conséquences négatives que cela implique. La poursuite du processus d’adhésion européenne de la Turquie sans que cette dernière ait rempli toutes les obligations qui lui incombent, a de quoi inquiéter. Dans le même temps, le processus d’adhésion européenne de la Turquie peut avoir une influence sur la question de la reconnaissance du Génocide des Arméniens par Ankara. Par conséquent, la FRA estime que dans cette affaire, la politique du Dachnagtsoutioun et celle de Arménie doivent prendre en compte ces différentes considérations sans jamais perdre de vue les intérêts arméniens du point de vue politique, national, et de la sécurité nationale de la République d’Arménie.

Arménie Prospère

Ni dans l’opposition, ni dans la majorité – 36/131 députés

Stepan Margaryan, député

 Il ne serait pas mauvais que la Turquie devienne membre de l’UE, ou plutôt, qu’on ait pour voisin un pays membre de l’UE. Mais d’un autre côté, cela ne serait juste que si ce pays acceptait tous les critères retenus pour l’adhésion européenne. En particulier, comment serait-il concevable qu’un membre de l’UE barre la route à un membre du Conseil européen et le soumette à un blocus ? Il y a des questions qui ne sont du ressort que de la Turquie-même. Si celle-ci se permet d’aller à l’encontre d’un certain nombre de valeurs européennes, il est douteux qu’elle puisse intégrer l’UE. Le parti Arménie Prospère n’est pas opposé à ce que les frontières de l’UE touchent celles de la République d’Arménie, estimant qu’en fin de compte il est plus facile de frayer avec un pays membre de l’UE. Mais nous émettons des réserves, car nous pensons que la Turquie doit respecter les valeurs européennes. Sans poser la question sous l’angle d’avoir ou de ne pas avoir de relations diplomatiques, le fait élémentaire de mettre un pays sous blocus échappe à tout entendement. Même en se plaçant du point de vue turc, cela ne se justifie en rien. Peut-être en va-t-il différemment du problème de l’établissement de relations diplomatiques, mais celui de l’ouverture des frontières est un problème élémentaire. Bien que le premier point nous importe également (relations diplomatiques), nous pensons cependant que le second est plus déterminant (ouverture des frontières) et fait que la balle est dans le camp de la Turquie. Le parti Arménie Prospère a toujours affirmé sa disposition à établir immédiatement des relations diplomatiques sans conditions préalables.

Parti Républicain

Majorité gouvernemental – 70/131 députés

Artak Zakaryan, député

L’adhésion européenne de la Turquie est un problème paneuropéen qui s’active périodiquement. En devenant membre de l’UE, la Turquie peut devenir un collaborateur beaucoup plus prévisible et beaucoup plus fiable pour le monde. Qu’il devienne notre voisin signifie deux choses : d’une part l’amélioration des relations arméno-turques; et d’autre part un certain assainissement du système politique intérieur de la Turquie, assorti de la possibilité qui lui est offerte, en parallèle, de se présenter au monde comme un pays plus civilisé, et de faire preuve de plus d’ouverture envers les processus de reconnaissance du Génocide des Arméniens. En ce cas, la Turquie pourrait aussi bien reconsidérer sa politique de fermeture des frontières. Ainsi, et c’est là le plus important, l’Arménie aurait une frontière claire, celle de l’UE. Ceci pourrait constituer un pas essentiel du point de vue de la sécurité, de la coexistence pacifique, et des perspectives économiques. Malheureusement, la réalité politique fait que nous sommes loin de pouvoir considérer la Turquie comme un futur membre de l’UE. Du côté de l’UE aussi il y a pas mal de questions sujettes à caution, de sorte que cette adhésion n’est pas réaliste, du moins pas avant quelques années. Mais l’adhésion de la Turquie peut avoir d’importantes retombées positives à tous points de vue, non seulement pour l’Arménie mais pour toute la région.

Parti Héritage

Parti d’opposition – 4/131 députés

Hovsep Khourchoudyan, porte-parole du parti

Nous avons maintes fois répété que la Turquie doit devenir un membre à part entière de l’UE, tout comme l’Arménie. Cela se fera tôt ou tard, mais seulement après qu’auront été résolus les problèmes en cours. Je veux dire par là que la Turquie doit faire face à son histoire pour prouver qu’elle est véritablement devenue un digne membre de la famille européenne. En acceptant de recevoir en son sein un tel pays qui n’aurait pas transformé son système de valeurs, l’Europe serait dénaturée. Quoiqu’il en soit, nous considérons que l’adhésion européenne de la Turquie sert les intérêts de l’Arménie. Cela renforcerait la sécurité de la région et plus particulièrement de l’Arménie, et cela placerait la Turquie dans un cadre plus démocratique et plus civilisé, si l’on considère que tel est celui où s’exercent la politique et les critères européens. Et enfin de compte, nous aurions une frontière commune avec l’Europe. Tout est lié. Une Turquie fermant sa frontière à son voisin ne peut pas être membre de l’Europe. Ne parlons même pas du fait que sans reconnaissance du Génocide des Arméniens, elle pourra difficilement prouver qu’elle est devenue un pays libre et démocratique.