L’année 2016-2017 nous a mis aux prises avec une actualité particulièrement tendue en Turquie et en Arménie. Les éléments de cette tension sont essentiellement politiques, avec des dimensions armées dans les deux cas, mais déconnectés l’une de l’autre : il semble que depuis l’échec de la ratification des protocoles arméno-turcs, les deux pays avancent sur des voies parallèles sans plus se rencontrer, alors même que les points de jonction pourraient être nombreux pour peu qu’une volonté politique de dialoguer existât.
Dans cette interview, Sevan Deyirmenjian tente d’expliquer quelles sont les fondements identitaires des Arméniens d’Istanbul, leur rapport à la religion, à la langue arménienne, aux crypto-arméniens et à la République d’Arménie.
Cet article de Sevan Deyirmenjian est paru dans le journal Agos du 9 août 2017 suite à un incident qui a eu lieu cet été pendant le Programme "Ari Tun" organisé par le Ministère de la Diaspora d'Arménie au cours duquel un conflit autour de l'identité a éclaté entre membres des groupes de jeunes d'Ukraine et d'Istanbul.
La thématique de la question des réparations du génocide des Arméniens pourrait sembler en décalage profond avec l’état des relations arméno-turques et les urgences respectives des deux pays concernés en matière de respect des droits et libertés ou d’enjeux sécuritaires. Cependant, si ces relations souffrent du poids de l’Histoire et de la méfiance légitime qui s’est installée, la réparation des préjudices passés est une option pour construire les fondements d’une nouvelle ère. Faisant abstraction des circonstances propres aux deux pays, cet article examine l’état du dossier des réparations et des solutions envisageables et de la politique actuelle de l’État arménien dans le traitement de la question du génocide et de ses conséquences. Il fait ressortir des facteurs résilients de la gestion des Arméniens de leur destin, hier et aujourd’hui, et leur incidence sur le traitement des réparations du génocide ou bien dans le domaine des prétentions territoriales.