La communauté Alévie a toutes les raisons de craindre pour son avenir. Le défi politique majeur des Alévis aujourd'hui est de se doter d'un véritable programme politique et de dirigeants capables de porter ses revendications démocratiques et sociales. Cela passe par une rupture idéologique sans concession avec la synthèse islamo-turque et avec le nationalisme turco-kémaliste.
Parue simultanément en Turquie, en France, en Arménie et en Italie, le 30 mai 2014, une tribune intitulée "Arméniens et Turcs : faisons un rêve ensemble", co-signée par diverses personnalités françaises d'origine arménienne et des intellectuels turcs, a remis au goût du jour la thématique d'un dialogue arméno-turc que l'on croyait en sommeil depuis quelques années. Si cet écho lointain au discours du pasteur afro-américain Martin Luther King, se veut un plaidoyer pour une réconciliation arméno-turque, on retiendra aussi qu'il articule la question arménienne autour de la thématique du rêve... C'est oublier que ce dialogue dans sa version actuelle ne pourra aboutir à une nouvelle page de notre histoire s'il persiste à léser aussi bien la complexité arménienne que les enjeux de fonds.
Ces derniers temps, la presse et certains chercheurs se sont penchés sur les problèmes identitaires des Hamchènes vivant sur le territoire de la Turquie. Certains commentaires sont faits sans tenir compte du fait historique de la politique d’islamisation et de turquification et des conséquences qui en découlent, d’autre part, il n’y a pas de différenciation entre les termes « d’identité » et « d’origine ».
Le proche entourage d’Erdogan, surtout après l’éviction de Gül, fondateurs renommés du parti (comme Bulent Arinc), puis de Davutoglu est de plus en plus composé de – relativement – jeunes journalistes, économistes, hommes et femmes politiques d’origine séculière, n’ayant pas eu d’appartenance politique auparavant. Leur formation idéologique est pour le moins floue. Pour ces derniers l’identification à Erdogan est devenue en tant que telle une cause politique.