Pour Cengiz Aktar, professeur de sciences politiques, la perspective européenne qui a permis de questionner les tabous en Turquie est aujourd’hui menacée. La politique de tension menée par Ankara pourrait conduire à une rupture des relations.
Jean-François Pérouse expose les difficultés à qualifier l’identité des Kurdes d’Istanbul. Selon ce dernier, on peut y être « kurde "de naissance", par la langue maternelle, par l’appartenance politico-culturelle et/ou par le cœur ». En résulte, des difficultés à produire des statistiques fiables sur cette population ― faute de données ou d’enquête précise ― mais aussi des fantasmes souvent liés à des simplifications extrêmes et des manipulations statistiques. Le directeur de l’Institut français d’études anatoliennes d'Istanbul rappelle également qu’il n'existe pas un seul vote kurde à Istanbul, mais des votes différenciés selon le statut des intéressés et les multiples réseaux d'appartenance. Tout comme il n’existe pas, selon lui, une seule communauté kurde, mais « une multitude de segments structurés par des liens de provenance géographique, d’affiliation politique, d'appartenance confrérique ou néo confrérique. »
Dans cette interview, Gafur Türkay fait le point sur les récentes destructions dans le centre-ville historique de la ville de Diyarbakir qui, avant 1915, accueillait de très nombreux Arméniens. Il revient également sur l’importance de la restauration de l’église Sourp Guiragos en 2011, considérée comme un havre de paix pour de nombreux visiteurs et immédiatement adoptée par la petite communauté d’Arméniens islamisés de la région. Désormais complètement dévasté, le « quartier des mécréants » a disparu. Subsiste l’église Sourp Guiragos, dont l’intérieur a toutefois été fortement dégradé. Gafur Türkay aborde également la question des Arméniens islamisés de Diyarbakir et de la région et des nombreuses questions identitaires auxquelles ils font face aujourd’hui. Enfin, il revient également sur les difficultés que rencontrent les quelques Arméniens musulmans qui décident de se faire baptiser.