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Karabakh – Khatchénaguède, église troglodyte paléochrétienne

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Le « Haut-Karabagh », l’Artsakh Arménien, est un des centres de diffusion paléochrétien de l’Église Apostolique Arménienne comme l’atteste l’église troglodyte de Khatchénaguède datant du Ve siècle, près du village de Nor Maragha dans la région d’Aghdam (retourné en Azerbaïdjan suite au conflit du Karabagh de septembre 2020).

En amont des fouilles archéologiques de Tigranakert d’Artsakh, initiées en 2006 par l’ONG YERKIR, ont été recensés tous les monuments et vestiges dans un rayon de 10 kilomètres : Des tumulus de Kurgans datant de l’âge de bronze aux monuments islamiques qui sont apparus dans cette région qu’à partir de la fin du XVIIIème siècle. Sur le site des fouilles de Tigranakert, à 6 km au nord en direction de Mardakert, se trouve le site de Khatchénaguède, complexe monacal troglodyte paléochrétien datant du V-VIème siècle qui a été restauré par l’ONG Yerkir.


La « théorie » azérie des Albanais du Caucase

Pour légitimer leur présence au Karabagh, les Azéris ont inventés de toute pièce une théorie révisionniste de l’histoire : Ils seraient les descendants des Albanais du Caucase.

Un royaume d’Albanie existait au Caucase depuis l’antiquité, se situant au Nord-Ouest de l’Azerbaïdjan actuel mais aucunement au Karabagh. Ce royaume christianisé a subi une forte influence de l’église Apostolique Arménienne. Il a disparu et sa population a probablement dû s’assimiler en partie avec les Arméniens ainsi qu’avec des ethnies du Caucase du Nord, islamisées.

Dans le grand délire de l’Azerbaïdjan de prouver son antériorité, les Azéris affirment qu’ils sont les descendants des Albanais du Caucase et que pratiquement toutes les églises arméniennes au Karabagh seraient des églises Albanaises.

Pour caricaturer, c’est comme si la Turquie légitimait sa présence historique en déclarant avoir une continuité biologique avec les grecs de l’antiquité ou les Ourartéens. Cette théorie, complétement farfelue d’Albanais du Caucase, fait rire même les historiens turcs car les azéris n’assument pas et ont honte de leur passé de peuple nomade venant d’Asie centrale, vivant de la transhumance et de leurs troupeaux de moutons.

En voulant absolument prouver leur filiation avec les Albanais du Caucase pour délégitimer la présence des Arméniens au Karabagh, l’Azerbaïdjan remet en cause son propre récit national puisqu’il affirme descendre d’une population chrétienne qui ne parlait pas une langue turque.

Pour contrer les thèses négationnistes azéries sur le peuplement du Karabagh, l’ONG YERKIR initiait un projet de fouilles archéologiques afin de trouver la cité antique de Tigranakert d’Artsakh, fondée sous le règne de Tigrane-le-Grand (95-55 av. J.C) dans la région d’Aghdam. L’équipe d’historiens, de topographes, d’architectes, d’archéologues et d’experts internationaux mis en place mettait en évidence les différentes périodes arméniennes (âge de bronze, antique, médiévale et contemporaine) de cette région. En partenariat avec l’Institut d’Archéologie de l’Académie des Sciences d’Arménie, des fouilles archéologiques débutait sous la direction de l’archéologue Hamlet Petrosyan.

Le site de Khatchénaguède datant du V-VIème siècle, est un complexe monacal troglodyte paléochrétien se situant dans une falaise. Il est constitué d’une église avec narthex taillée dans la roche, d’une salle d’apparat, d’une cour avec de nombreuses pierres tombales, d’un canal d’irrigation et de tunnels dont les murs sont ornés de croix taillées avec des inscriptions grecques et arméniennes.

Ce complexe troglodyte est unique par son emplacement. Les escaliers permettant d’accéder à l’église sont étroits, non adaptés aux pèlerins et des plates-formes de protections jalonnent le parcours. Les premiers chrétiens installés dans cette région ont eu le souci de sécuriser ce lieu de culte des menaces venant de la plaine et des steppes environnantes.

Un petit chemin conduit au complexe religieux, lui aussi creusé dans la roche, et plusieurs croix gravées ainsi que quelques inscriptions arméniennes et grecques ont été découvertes sur ses murs. Les gravures en forme de croix de la grotte-sanctuaire représentent la seule caractéristique de la culture paléochrétienne. On les retrouve dans les escaliers et sont souvent entourées d’un cadre décoré. On trouve aussi le nom du Christ, entouré de fleurs et d’oiseaux, symboles de la victoire sur la mort, du salut des âmes et du ciel.

Nous savons que le Khatchkar (Littéralement « Croix de pierre » art typique arménien) est l’un des symboles les plus connus de l’identité arménienne mais il est possible d’imaginer que cet art pictographique existait avant l’émergence du christianisme. Sur les murs du complexe de l’église de Khatchénaguède se trouve un panel de croix mélangeant des symboles chrétiens, des gerbes de fleurs, d’oiseaux et des bijoux témoignant des balbutiements de l’art du Khatchkar.

Le canal d’irrigation datant de l’époque antique servait à l’acheminement de l’eau de la ville de Tigranakert. Les croix gravées dans le canal permettent d’établir une continuité entre le site où se trouve l’église creusée dans la falaise (V-VIIème siècle) et la ville antique de Tigranakert datant du Ier siècle av. JC.

Ce complexe troglodyte pose une série de questions dont les solutions sont à rechercher dans l’histoire antique arménienne et celle de la christianisation de cette région. Au cours des fouilles menée par Hamlet Petrosyan en juin 2006, Gusto Traina, professeur d’histoire romaine à l’université de Lecce (Italie) a étudié les inscriptions grecques qui ont été trouvées afin de pouvoir définir la nature ainsi que la période de ces inscriptions.